Lisolo

de Laurent Contamin

Si vous allez à Kinshasa, vous verrez peut-être un enfant dessiner dans le sable : il vous dira qu’il dessine une histoire. Son dessin, il l’appellera un « lisolo ».
Dans le Lisolo de Laurent Contamin, il est question de ces enfants des rues de Kinshasa : les enfants sorciers, les enfants soldats, les enfants abandonnés. Il est aussi et surtout question de ce qui lie l’hémisphère nord à l’hémisphère sud, des rapports de pouvoir, des forces d’attraction et de répulsion entre ces deux parties du monde.
L’histoire, c’est celle d’un homme blanc, pilote de ligne, qui retourne à Kinshasa sur les traces d’un enfant des rues, retrouvé mort congelé dans le train d’atterrissage de son avion à son arrivée en Europe : Besoin d’affronter son traumatisme en essayant de comprendre ce qui a conduit cet enfant à ce voyage sans retour. La situation, c’est deux hommes sur une scène de théâtre, des comédiens donc probablement, un blanc (il s’appelle W), un noir (il s’appelle B). Parfois ils racontent l’histoire, parfois ils s’invectivent, échangent, malgré la présence du public, puis ils reprennent le fil de la narration : du théâtre dans le théâtre, de la mise à distance pour un sujet grave.
Avec ce texte Laurent Contamin évolue entre poésie, drame et comédie, passant de l’un à l’autre avec un sens de la rupture totalement maitrisé.
L’espace scénique (des pneus, des projecteurs, des bandes de scotch blanc), les univers sonores et lumineux évoquent à la fois les rues de Kinshasa, les tarmacs d’aéroport et un plateau de théâtre en répétition ; les comédiens jouent avec cet espace et le transforment tout au long du spectacle.

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Extrait

B Je vais te raconter une dernière histoire de Kinshasa et puis après on va passer à autre chose, parce que bon – W ..? B Oui j’en ai marre, flagramment, de jouer tout le temps les Africains de service tu sais, jouer tous les rôles d’enfants des rues, là, Justin, Travis, Owen et les autres, je crois qu’on a compris et puis je sais pas – c’est pas un rôle… W Euh… B Oui non mais ce côté « je joue l’Africain ». L’Africain. Le Black. Tu comprends ce que je veux dire ? Toi quand tu bosses au théâtre on te demande alors tu fais quoi en ce moment ? Tu réponds je sais pas je joue Hamlet, Oncle Vania, Figaro, Orphée, Oreste, Alceste, Amalric, Mary-Poppins, moi je réponds ben euh ben c’est un Black, voilà – c’est juste ça, tu comprends ?

Distribution

Mise en scène Olivier David, avec Ucka Ludovic Ilolo et Laurent Lederer, musique Shaï Mané et Francine Ferrer, scénographie Gilbert Eperon, lumière Philippe Lacomb